LES TRAVAUX DE VALIDATION
Il existe un tel nombre de travaux scientifiques sur ce qu’on appelle souvent la validation de la graphologie, qu’on ne peut plus les compter.
On trouvera ci-dessous les références de certains travaux en différentes langues, à titre non limitatif.
Travaux en langue allemande
Dès le début du XXème siècle, la graphologie allemande s’est constituée sur des bases très rigoureuses. On peut citer les quatre noms suivants comme les plus significatifs de cette première époque:
- le Dr Georg Meyer (1869-1917), psychiatre à Berlin, étudie la répercussion des émotions sur l’écriture (par exemple états de dépression et de manie rattachés aux écritures hypokinésiques et hyperkinésiques). Il remarque que le début des mots, lignes et phrases reflète plus l’intention consciente du scripteur, et la fin, une attitude plus inconsciente (Cela avait déjà été formulé en France par Michon, mais de manière plus empirique).
- le Pr Preyer (1841-1897), professeur de physiologie dans plusieurs universités, dont celle d’Iéna, est le fondateur de la graphologie scientifique allemande (Klages, Graphologie, pp. 34 et 36).
- le Dr Georg Schneidemühl, professeur à l’Université de Kiel, publie en 1911 un ouvrage magistral de 300 pages, Handschift und Charakter.
- la méthode de Luwig Klages (1872-1956) n’est pas statistique, mais ses ouvrages s’inspirent des théories de Darwin. Klages a étudié la philosophie, la psychologie et est docteur en chimie.
Si l’on veut une idée de l’ampleur des travaux allemands plus récents, on peut se référer par exemple au manuel de graphologie actuellement le plus utilisé en Allemagne, celui de Müller-Enskat, Graphologische Diagnostik, Verlag Hans Huber, qui dans son édition de 1987, comporte une annexe de 23 pages dénombrant 99 travaux de validation effectués rien qu’en langue allemande (analyse factorielle et autres méthodes statistiques).
Et ce nombre s’est bien entendu accru depuis 1987. La majorité de ces travaux ont été réalisés dans le cadre d’universités allemandes. Beaucoup sont publiées ou relatées dans le Zeitschrift für Menschenkunde.
Et ce nombre s’est bien entendu accru depuis 1987. La majorité de ces travaux ont été réalisés dans le cadre d’universités allemandes. Beaucoup sont publiées ou relatées dans le Zeitschrift für Menschenkunde.
Le principal auteur de ce manuel, W. Müller fut lui-même professeur à l’Université de Berlin, où il enseigna la graphologie. C’est un scientifique rigoureux qui possède à la fois une formation de médecin et d’ingénieur, et qui a le souci d’approfondir les choses. Il étudie notamment les correspondances entre l’écriture et les types d’E. Spranger (nommé recteur de l’Université de Berlin par les alliés en 1945) auteur de Lebensformen, geistwissenschaftliche Psychologie und Ethik des Persönlichkeit, traduit en anglais sous le titre Types of men.
Les types de Spranger sont à la base du test Study of value d’Allport, Vernon et Lindsey, adapté en français par R.H. Schevenell de l’Université d’Ottawa. Les correspondances entre les types de Spranger et l’écriture ont fait l’objet de très nombreux autres travaux ultérieurs, notamment par A. Enskat, A. Ziegler, P.F. Secord, R. Pophal, H. Pfanne, R. Pokorny, etc. Le propre d’une théorie scientifique est en effet d’être publiée et de pouvoir être recommencée et vérifiée par d’autres.
D’autres recherches ont été menées à l’Université de Berlin, comme celle d’E. Babst.
Dans la même ville, Maria Hepner a étudié l’écriture des enfants au Centre psychiatrique de Berlin-Kreuzberg.
Parmi les professeurs et chercheurs de l’Université de Freiburg en Brisgau, on trouve des élèves de Robert Heiss, professeur de psychologie, graphologie et philosophie dans cette Université, où il est le collègue d’Heidegger. Parmi ces travaux, citons:
- J. Fahrenberg, Graphometrie, 1961; J. Fahrenberg et W. Conrad, "Eine explorative Faktorenanalyse graphometrischer und psychometrischer Daten", Zeitschrift exp. angew. Psychol., 1965, 12, 223-238.
- H. Unkel, Eine Faktorenanalyse graphmetrischer und psychometrischer Daten, 1964.
- K. Adolfs, Faktorenanalytische Untersuchung der gebräuchlichten Handschriftenvariablen, 1964.
- Ulrich Timm, Graphometrie als psychologischer Test? Eine Untersuchung der Reabilität, Faktorenstruktur und Validität von 84 Schriftmerkmalen, 1965.
- U. Timm, Graphometrie als psychologischer Test, 1965.
- Dr Lockowandt, Farktorenanalytische Validierung der Handschrift mit besonderer Berücksichtigung projektive Methoden, 1966.
- G. Prystaw, Beitrag zur faktorenanalytischen Validierung der Handschrift, 1969.
- H.-W. Linster, Eine Validitätsuntersuchung graphometrischen Variablen, 1969.
Il est impossible de citer tous les travaux des auteurs ayant travaillé à la Nervenklinik de l’Université de la Sarre: G. Fischer, W. Hofsommer, R. Holdworth, T. Wallner, I. Schneevooigt, etc. Rien que T. Wallner a publié plus de 20 livres et articles sur différents aspects de la validation statistique de la graphologie. Quant au livre de Schneevooigt, Graphologische Intelligenzdiagnose, Handschrift und Intelligenzniveau, il renvoie lui-même à environ 120 autres travaux sur le sujet.
À l’Université de Kiel, des travaux de validation sur 12 facteurs de personnalité et sur 4 structures de personnalité (hystérique, dépressive, schizoïde et obsessionnelle) ont été faits par B. Wittlich, professeur à l’Université de Kiel ayant une formation mathématique et statistique, en collaboration avec une équipe de psychiatres de la faculté de Kiel, sur base de leurs diagnostics et de leurs dossiers. Ses conclusions confirment les observations des graphologues antérieurs.
Bien qu’ils ne relèvent pas d’une étude statistique, il faut mentionner les remarquables travaux travaux du Dr Pophal, professeur de graphologie et de neurologie à l’Université de Hambourg, qui appuie la graphologie sur la neurologie, et qui ont été complétés notament par les travaux du Prof. Suchenwirth.
Werner Klosinski, graphologue et psychothérapeute jungien à la tête de l’Institut für Psychotherapie und Tiefenpsychologie de Stuttgart, est l’auteur d’un test qui porte son nom, et dont il a contrôlé lui-même les recherches de correspondance avec l’écriture. Un autre grand nom de la graphologe jungienne est celui d’Ania Teillard-Mendelssohn, analyste élève de Jung et graphologue élève de Klages et de Pulver, qui a publié divers ouvrages et articles en français en en allemand.
Ayant du fuir l’Allemagne nazie, c’est en France que, financé par le FNRS, Walter Hegar effectue ses recherches. Il est l’auteur de La graphologie par le trait.
Une recherche désormais classique est celle de Roda Wieser, expert du tribunal de Vienne, qui étudia les écritures de 694 criminels et en dégage des caractéristiques spécifiques. Citons encore les travaux suivants :
- Fischer G., "Zur faktoriellen Struktur der Handschrift", Zeitschrift exp. angew. Psychol., 1964, 11, 254-280.
- Hofsomer W. et R. Holdsworth, "Die Validität der Handschriftenanalyse bei der Auswahl von Piloten", Psychol. und Praxis, 1963, 7, 175-178.
- Seifert T., "Faktorenanalyse einiger Schriftmerkmale", Z. exp. angew. Psycol., 1964, 11, 645-666.
- Wallner T., "Neue Ergebnisse experimenteller Untersuchungen über die Reliabilität von Handschriftvariablen", Zeitschrift fürMenschenkunde, 1962, 26, 257-269 (voir autres articles de même auteur dans la même revue: 1966, 30, 380-387; 1968, 32, 438-445; 1969, 33, 191-197; 1970, 34, 280-300; 1994, 158-163; 1997, 102-111).
Travaux en langue anglaise
Parmi les nombreux travaux en langue anglaise, on peut citer notamment:
- Birge, "An experimental inquiry into the measurable handwriting correlates of five personality traits", J. of. Pers., 1954, 23, 215-223.
- Frederick, "An Investigation of Handwriting of Suicide patients through suicide notes", J. of abnorm. psychol., 1968, 73, 263-267.
- Lorr, L.T. Lepine et J.V. Golder, "A factor analysis of some handwriting characteristics", J. Pers., 1954, 22, 348-353.
- Pascal and B. Suttel, "Testing the Claims of a Graphologist", J. Personality, 1947, 16, 192-197.
- Secord, "Studies of the relationship of the Handwriting to Personality", J. Pers., 1948, 17, 430-448.
- Olga Marum, "Character assessments from Handwriting", J. ment. Sci., 1945, 91, 22-42.
- Allport et P.E. Vernon, Studies in expressive movements.
- Cantril, H.A. Rand et G.W.Allport, An additionnal study of the determination of personal interests by psychological and graphological methods.
- J. Eysenck, "Graphological Analysis and Psychiatry: An experimental Study", Brit. Journ. Psychol., 35, 1945.
- Eysenck, "Neuroticism and Handwriting", J. of Anormal and Social Psychol., 43, 1948.
- L. Harvey, "The measurement of Handwriting considered s a form of expressive movement", Char. and Pers., 2, 1934.
Travaux en langue française
Dès la fin du XXème siècle, la graphologie naissante intéresse le monde scientifique qui lui confirme en retour la validité de ses bases.
Le psychiatre Pierre Janet (1859-1947) et le Prix Nobel Charles Richet s’intéressent à la graphologie et ont même présidé des congrès de la Société de graphologie. Janet, Richet, les Dr Ferrari et Héricourt, et des membres de la Société de psychologie scientifique, valident la graphologie par l'hypnose (1886) et concluent, avec le philosophe Th. Ribot, que l'écriture, comme les autres gestes, étant sous la dépendance directe du cerveau, varie avec les états permanents ou passagers de la personnalité. Ce sujet est notamment développé par Adrien Varinard (Revue de l'hypnotisme expérimental et thérapeutique, 1887).
Alfed Binet (1857-1911), inventeur du quotient intellectuel, directeur du laboratoire de psychologie physiologique de la Sorbonne, a effectué à la Sorbonne des recherches sur la graphologie pendant au moins 15 ans. Il publie "Recherches expérimentales sur la physiologie des mouvements chez les hystériques", (Archives de physiologie N° 7, 1er octobre 1887), où il consacre plusieurs pages à l'écriture (pp. 320-373, et spécifiquement 337-341).
Il publie ensuite avec Courtier, dans la Revue philosophique, une étude "Sur la vitesse des mouvements graphiques" (1893). Plus tard, il écrit "La graphologie et ses révélations sur le sexe, l'âge et l'intelligence" dans L'année psychologique, 10, 1904, mais son travail le plus important est une étude menée à la Sorbonne pendant trois ans: Les révélations de l'écriture d'après un contrôle scientifique, 1906, 260 pp.. Ce travail est complété par Une expérience cruciale en graphologie dans la Revue philosophique (1907). Binet rattache l'écriture au geste: "L'étude de la mimique a pour elle des répondants dont l'autorité ne peut être récusée: nommons Charles Bell, Gratiolet, Darwin, Mantegazza,... Or la graphologie n'est qu'une extension de la mimique au geste scriptural".
Voir aussi la thèse de médecine du Dr Pierre Boucard, La graphologie et la médecine, Paris, 1905.
En Belgique, je me permettrai de citer mes propres recherches comparant l’écriture et les tests SPV, SIV, D. Super, MBTI et Holland, sur un échantillon qui varie suivant les tests entre 60 et 320 personnes environ. Mes conclusions sur le MBTI rejoignent celles faites en France, indépendamment, par M. Jore et C. Maggiar.
Les conclusions ont été publiées en français dans Le bulletin du CEREG, au Royaume-Uni dans Graphology et en italien dans Scrittura. Plusieurs autres recherches sont en cours sur ce même test, notamment aux Etats-Unis et au Canada. L’une de mes élèves, Ariane Ruhl, a fait un travail de comparaison entre l’écriture et le test D70.
En France, on peut surtout citer les deux tomes d’un ouvrage, sans doute le plus remarquable de tous dans ce domaine, qui compare l’écriture et le test de Szondi, réalisé par le Dr Gille-Maisani, médecin-psychiatre ayant aussi un diplôme d’ingénieur, professeur à l’Université Laval (Quebec) et par F. Lefébure, attachée au laboratoire de recherches d’Anthropométrie de l’Hôpital de la Salpétrière à Paris. Ce travail a été préfacé par Szondi lui-même et a bénéficié de sa collaboration effective, ainsi que de celle du Professeur Van Reeth.
Des travaux statistiques très approfondis de Gaston Berger ont déterminé les corrélations entre la caractérologie scientifique de Heymans-Le Senne et l’écriture.
Des recherches ont été menées par la Société française de graphologie sur l’écriture des adolescents en classe terminale, sur un échantillon impressionnant. Des travaux similaires ont été réalisés en Allemagne et en Italie.
Un remarquable ouvrage, dont il faudrait citer presque chacune des 188 pages est celui publié par Masson en 1993: L’écriture et le cerveau, par G. Serratrice et M. Habib. Le premier est membre de l’Académie de médecine et ancien président de la Société française de neurologie. Le second est enseignant en neurosciences à l’Université d’Aix-Marseille et rédacteur en chef de la Revue de neurophysiologie. Les auteurs écrivent par exemple que "la signature est expressive à la fois du moi et de l’image de soi que, plus ou moins consciemment, son auteur désire donner" (p. 167), décrivent les formes d’angoisse dans l’écriture (p. 159), des caractéristiques de l’écriture des paranoïaques, des schizophrènes, etc.
Travaux en langue italienne
Comme pour d’autres pays, des recherches ont commencé dès la fin du siècle dernier, par exemple celle du Dr Cesare Lombroso (1835-1909), psychiatre et l'un des pères de l'anthopologie criminelle. C'est à ce titre qu'il s'intéressa à l'écriture. En 1886, il collabore avec Richet dans le Bulletin de la société de psychologie à un article sur les modifications de l'écriture sous suggestion hypnotique. Il est l’auteur du livre Grafologia.
De nombreux travaux récents ont été effectués au sein de l’Université d’Urbino, ou publiés dans la revue Scrittura, par exemple Ricccardo Zanetti: Scrittura e test di Rorschach, Scrittura, 35, 1980, 130-133.